LES EQUIPAGES IMAGINAIRES

Ateliers de pratique théâtrale intergénérationnels et décentralisés dans le Finistère sud

Avec le soutien de la commune de Loctudy et des Ateliers Jean Moulin de Plouhinec

Discours de la servitude volontaire de La Boétie, adaptation et mise en scène de Mathieu Coblentz, au TGP-CDN de Saint-Denis, avec les membres de l’AVVEJ-Rencontre 93, en 2020

Les équipages imaginaires, pour quoi faire ?

En tant que compagnie de théâtre professionnelle nouvellement installée dans le sud du Finistère, nous avons dans un premier temps rencontré un certain nombre de praticiens et de compagnies locaux afin de comprendre l’écosystème existant pour penser quels apports seraient pertinents et fertiles pour l’ensemble des parties en présence. Devant le foisonnement de la pratique amateur, l’absence de compagnies professionnelles et notre désir de créer des passerelles entre les lieux, les êtres et les pratiques, il nous a semblé possible d’inventer un dispositif : proposer à un groupe éphémère et éclectique de partager nos savoir-faire artistiques et techniques pour vivre ensemble, à la manière d’un équipage imaginaire, une expérience de création professionnelle.

Les équipages imaginaires, qu’est-ce que c’est ?

Les équipages imaginaires sont l’occasion de créer, avec un groupe hétérogène où se conjuguent les âges, les arts, les histoires, les pratiques et  les fonctions, d’une vingtaine de participants – amateurs, novices et professionnels, sans limite d’âge – à partir d’un texte théâtral ou d’une adaptation littéraire, en un temps très limité (entre 48 et 60 heures de travail), une forme spectaculaire, exigeante et joyeuse, mêlant texte et musique.

Les équipages, objectifs et mode de recrutement

Nous veillerons à la composition de groupes éclectiques, riches d’une diversité d’âge et de parcours, représentatifs des territoires dans lesquels se déroulent les ateliers. L’objectif est, par la pratique, d’unifier une équipe où se côtoient amateurs, débutants et professionnels. Considérant, selon l’expression de Louis Jouvet, que « tant vaut l’Homme, tant vaut le comédien », nous sommes attachés à dépasser les frontières entre les pratiques, avec pour boussole l’exigence artistique.
A titre d’exemple, le groupe constitué à Loctudy se compose d’une quinzaine de personnes âgés de 10 à 72 ans, aux parcours très différents.

Texte et musique, le choix de l’exigence

Le choix des textes et de la musique fait toujours l’objet d’une réflexion approfondie. Tout en recherchant dans chaque atelier la pertinence des résonances entre les êtres, leurs savoir-faire et leurs milieux, nous sommes pétris d’un désir de traverser des œuvres qui élèvent et marquent profondément, par leur propos comme par la qualité littéraire de leur auteur, ceux qui les donnent et ceux qui les reçoivent.

Dans notre travail, la musique est partout. Elle structure les séquences, racontent les états, soutient les suspens. Elle relie, apaise et sauve du silence et du chaos. Au plateau, nous cherchons souvent à constituer un petit orchestre afin d’explorer différents répertoires en écho avec le récit.

La pratique théâtrale, une boîte à outils pour être au monde

Nous envisageons la pratique théâtrale comme un artisanat d’art. C’est un labeur quotidien, basé sur la recherche d’un espace, d’un geste, d’une orchestration juste et de sa répétition, jusqu’à aboutir à une forme qui autorise une représentation. Nous avons acquis, en tant qu’équipe artistique, des savoir-faire que nous mettons à disposition – chacun des participants piochant dans cette « boîte à outils » afin de développer et de déployer ses capacités. Notre travail englobe de nombreuses attentions à la voix, au corps, à l’espace, au rapport avec le spectateur, à la rencontre des imaginaires et à de nombreuses considérations techniques autour de la lumière, du son, de la machinerie et de l’artifice.

Tous ces « outils » que nous partageons au cours des ateliers visent à la fois à essentialiser les problèmes et à sublimer les êtres. C’est une manière de relever la tête, de chercher dans la voix les vibrations qui connectent au monde, une manière de s’élever et de repousser ses frontières pour apprivoiser sur scène le vertige de sa propre liberté.

La Pluie d’été de Marguerite Duras, mise en scène et adaptation de Mathieu Coblentz, au TGP-CDN de Saint-Denis, avec les membres de l’AVVEJ-Rencontre 93, en 2019

La présentation publique, un temps de dépassement

Ce chemin de pratique théâtrale se referme sur un temps fort de restitution publique. C’est un moment extrêmement important puisqu’il enracine durablement les progrès effectués, provoque des avancées spectaculaires et donne à chacun une sorte d’« état des lieux » de son travail, souvent bien différent des apparences et des croyances. Nous savons à quel point ce moment de représentation est fragile et précieux, qu’il détermine parfois des décisions pour les êtres et qu’il reste souvent comme un moment fondamental dans une existence. Nous en avons fait l’expérience. Aussi, nous nous attachons au cours de l’élaboration du spectacle à être à la fois très exigeants et extrêmement attentifs à ne pas mettre en danger les participants pour que chacun, depuis l’endroit d’où il part, puisse faire un bout de chemin vers lui et les autres.

Les intervenants artistiques et techniques

Les équipages imaginaires sont orchestrés par Mathieu Coblentz. Il est accompagné de deux collaborateurs. Un collaborateur artistique, à la fois musicien et acteur, qui développe particulièrement la partie musicale du projet. A Loctudy, il s’agit de Vianney Ledieu, chanteur, musicien et compositeur. Un collaborateur technique prend en charge la mise en œuvre de toutes les questions relatives aux régies plateau, lumière et son.

Le Centre culturel de Loctudy

Le centre culturel de Loctudy est un bâtiment communal multifonctions, destiné prioritairement à encourager et accompagner les actions culturelles.

Les Ateliers Jean Moulin

Les Ateliers Jean Moulin se sont implantés en 2019 dans l’ancien lycée professionnel du même nom, spécialisé dans les métiers de la construction marine. Les Ateliers Jean Moulin se définissent comme un tiers-lieu, un laboratoire et un lieu de ressource pour toutes les initiatives qui veulent développer le savoir-vivre, le savoir-faire et le savoir-être. En réponse à la proposition des Equipages imaginaires, ils mettent à disposition le gymnase et relaie la communication autour du projet sur leur site, initialement prévu en 2020 et dont l’éventuel report est en cours de réflexion.

Un travail important d’adaptation du lieu sera nécessaire afin d’accueillir du public, notamment l’implantation d’un gradin, l’occultation complète de la salle et son équipement technique. Il intègre le cadre une réflexion d’ensemble des Ateliers autour de l’utilisation de cet équipement.